Élections Municipales/Législatives : LES COUACS DU SCRUTIN

La double consultation électorale au Cameroun pour le choix du maire de Yaoundé I et du député du Mfoundi a été entachée de quelques irrégularités.

Complexe Scolaire PI and JU.  Le bureau de vote situé dans le quartier Etoudi attendait ce 30 septembre 1480 électeurs. C’est pour faciliter le déroulement du scrutin que quatre bureaux de vote y ont été ouverts explique un responsable d’Elections Cameroon (ELECAM). Notamment le bureau A pour 359 électeurs ; le bureau B avec 365 votants ; le bureau C, 379 inscrits et le bureau D pour 377 électeurs. Des voix d’électeurs sollicitées par les partis politiques RDPC, MRC et UPC. Ce dernier était en lice dans cette zone uniquement pour les législatives.

Le Président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto et tête de liste dans le Département du Mfoundi a effectué son vote à 11h14. Quelques minutes plus tard, il déclarera aux journalistes que « l’encre utilisée pour le vote n’est pas indélébile » brandissant son pouce gauche avec lequel il a marqué son empreinte digitale sur la liste électorale comme élément de preuve de son affirmation qui ne présentait plus aucune trace d’encre. C’est en effet dans le bureau B que Maurice Kamto a effectué son devoir citoyen. Ici, on constate qu’une seule encre est utilisée pour marquer l’effectivité du vote et le report de l’empreinte digitale de l’électeur.

Pourtant, les bureaux de vote « C » et « D » possèdent deux types d’encre, visible sur la table. « La première encre qu’on utilise pour les dateurs permet que l’électeur puisse marquer son empreinte  biométrique au niveau des listes. Ceci pour qu’en cas de revendication, on puisse interroger la biométrie et voir que c’est l’intéressé qui a réellement voté. Le deuxième flacon d’encre indélébile permet de dire que l’électeur a voté et qu’il ne pourra pas voter une seconde fois » explique M. Ebella Yves, représentant de l’administration dans le bureau « D ».

S’agissant de l’irrégularité constatée dans les bureaux de vote « A » et « B », « la seule explication que je puisse donner à cela est que les présidents de bureaux de vote peut-être n’ont pas vérifié le matériel contenu dans leurs cartons respectifs » soutient Sandrine Ngono Essomba, Présidente du bureau de vote Pi and JU « C »..

Par ailleurs, le dépouillement des urnes aussi a connu quelques anomalies. Dans des salles parfois éclairées à l’aide de lampes torches, les personnes présentes observent le décompte des voix issues des urnes. Sur 377 inscrits, 343 voix ont été exprimées pour les législatives et 317 pour les municipales. A la lecture de ces résultats, des voix se sont élevées dans le bureau « D » pour questionner l’écart enregistré au terme du vote. «Il n’y a pas eu d’écart en tant que tel. Certains électeurs ont confondus les urnes. Ils ont introduit les bulletins des législatives dans l’urne dédiée aux municipales et nous nous sommes retrouvés avec 25 bulletins que nous ne pouvions pas considérés. Et au décompte, la commission électorale étant souveraine,  n’a que déclassé ces bulletins pour les considérer comme nuls. C’est ça le problème il n’y a pas d’autres explications » soutient M. Ebella Yves.

Dans le bureau « C », l’on a pu lire dans le procès-verbal du scrutin que ce sont 385 personnes qui étaient inscrites sur la liste. Pourtant la liste affichée à l’extérieur indique 379 électeurs inscrits. Pour M. Kouam, représentant de l’administration dans ce bureau de vote, « le surplus de nombre auquel vous faites allusion est simplement la liste additive des membres du bureau de vote qui ont effectué leur vote ici. Lorsque comme moi vous avez été choisi par l’administration pour travailler toute la journée dans un bureau de vote, il faut que vous soyez inscrit à ELECAM à Yaoundé 1er pour pouvoir voter. Sinon normalement je devais aller voter à Messassi où j’habite».

Toutefois, le nombre d’électeurs inscrits sur les listes affichées n’a pas changé au terme des décomptes des bulletins de vote dans les trois autres bureaux de vote. Même si un responsable dans le bureau « A » a témoigné avoir voté sans y être inscrit du fait de sa fonction du jour.

Si dans le bureau « A », l’on a observé au terme des décomptes que 313 personnes ont voté pour les législatives et 301 pour les municipales, le Président du bureau de vote Rengo Mbouombouo Théodore a tenté de justifier la situation : « Il y a certainement des électeurs qui ont oublié de voter pour les deux scrutins ».

En considérant donc tous ces paramètres, le nombre total des suffrages attendus à Pi and JU d’Etoudi passe de 1480 tel qu’afficher à l’entrée des quatre bureaux de vote à 1493. Au terme du scrutin du 30 septembre 2013 le RDPC totalise  666 voix contre 358 pour le MRC et 41 pour l’UPC en ce qui concerne les législatives avec 56 bulletins nuls et 372 abstentions. Pour les municipales, les deux partis en lice étaient le RDPC et le MRC. Le premier devance son concurrent sur un score de 643 voix contre 388 pour le second et 53 bulletins nuls enregistrés.

Mireille Tchiako