L’ONG Camerounaise Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) vient de rendre public l’Atlas des Colères et Résistances Communautaires en Afrique.
La plateforme web présentée à la presse, vise « à accorder une visibilité aux luttes des communautés visant à protéger leurs droits fonciers, en donnant un visage à ces combats quotidiens, à ces cris silencieux qui jaillissent des profondeurs de l’Afrique et demandent justice » a expliqué Samuel Nguiffo, Secrétaire Général du CED.
Ces cris de la forêt viennent du constat selon lequel le continent africain vit en ce moment une augmentation rapide des investissements dans des domaines touchant à la terre et aux ressources naturelles (agro-industries, grandes infrastructures, exploitation forestière et minière). Ces investissements a-t-on appris, constituent une pression nouvelle sur les terres et les ressources, induisant une compétition accrue pour l’accès à la terre. Et la pénurie foncière qui en résulte, de même que la croissance démographique, augmentent le potentiel de génération de conflits autour du foncier en Afrique.
La croissance que connait donc le continent, en partie du fait de ces investissements massifs, n’est pas toujours équitablement répartie, et les victimes des déplacements n’en bénéficient pas forcément. Ils paient pourtant un lourd tribut à la croissance, en perdant leurs terres, leurs emplois, et leurs moyens de subsistance dénonce l’ONG.
En effet, les terres possédées, occupées ou utilisées par les communautés le sont souvent en en vertu du droit coutumier, qui est le système le plus ancien et le plus répandu de gestion des terres et des ressources sur la planète. En Afrique, les terres possédées ou administrées par le Gouvernement représentent plus de 97% de la superficie du continent, contre environ 0,1% relevant de la propriété ou du contrôle des communautés. Par ailleurs, 90% des terres rurales ne font l’objet d’aucune immatriculation, et ce statut les rend particulièrement aux expropriations et aux accaparements.
Pour le CED, sécuriser ces droits constitue la pierre angulaire d’un monde juste et équitable. Aussi, argue Samuel Nguiffo, les droits fonciers des peuples autochtones et des communautés locales sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable en faveur desquels se sont engagés nos dirigeants, en termes de santé ou d’éducation, de participation ou de paix, de croissance ou de diversité culturelle.
L’initiative de l’ONG s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale « Les droits fonciers c’est maintenant » menée à l’occasion de la Journée internationale de la Terre 2017 pour montrer combien la sécurisation des droits fonciers est essentielle à la lutte contre le changement climatique.
Mireille Tchiako